mercredi 1 octobre 2008

High School Physical

Lundi soir, la petite troupe d’High School Musical avait retournée le plateau de Michel Denisot. Des jeunes filles hystériques, des pleurs, une avalanche de cris…
Un fanatisme digne de Tokyo Hotel.

Interpelée par le phénomène, j’ai voulu vérifier si nos jeunes de 14 ans étaient bels et biens possédés. J’ai donc décidé, hier, de me rendre à leur séance de dédicace, au Virgin des Champs-Elysées. Où la folie a même surpassée mes espérances.




J’arrive à 17h40, pour 18h. Etant donné que je n’ai jamais assistée à aucune séance de dédicace – moi, mes dédicaces, je les obtiens en harcelant les chanteurs à la Flèche d’Or -, je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Mais j’imagine tout de même une file d’attente, un peu comme lorsque l’on va au cinéma. Mais non. C’est un attroupement que je trouve devant le magasin. Une seule barrière face à l’entrée, des côtés non sécurisés … L’anarchie.
Je m’enfonce dans la foule amassée à droite de la porte.




Vers 18h, ça commence à se bousculer. J’observe la population qui m’entoure. Du jogging, des casquettes, des vestes en cuir, des slims, des sacs à dos, des tout petits, des mères de famille… Il y a vraiment de tout. A ma droite, des 14-16 ans au style très « 9-3 » parlent de l’avant première, pour laquelle ils ont des tickets. Devant moi, une fille, qui semble pourtant avoir 17-18 ans, demande à son père de ne pas s’accrocher aussi fort à l’anse de son sac, car elle risque de s’arracher. A ma gauche, un groupe de lycéens se reproche de ne pas avoir séché les cours pour venir plus tôt, et compare cette expérience au dernier concert de Coldplay (surréaliste, je sais).


18h15. Ca pousse de partout, mais c’est encore vivable. Certains semblent néanmoins outrés : « Ils sont fous de pousser comme ça ! ». Je me demande si mes années de fosse de concerts étaient réellement destinées à me préparer à la séance de dédicace d’High School Musical. Il pleut de plus en plus fort, mais, comme un fan est par définition fanatique, tout le monde s’en fiche. Hormis quelques filles, qui s’y imaginent déjà « toutes dégoulinantes alors qu’eux ils seront supers ».
Une ado accompagnée de deux petites de moins de 10 ans me passe devant. Je concentre alors désormais toute mon énergie à repousser la foule pour éviter que la plus jeune des deux ne meure étouffée. Ce doit être mon instinct maternel précoce.
Comme je filme régulièrement la porte afin de montrer les vigiles et la folie ambiante, je crée des moments d’hystérie chez mes voisines, qui pensent que leur cher Zac Efron est sorti (ce nom a été scandé tellement de fois en 20 minutes qu’il est sans doute gravé dans mon esprit à jamais).


18h20. Après un mouvement de foule qui a abouti quasiment contre la porte d’entrée, la sécurité décide de reprendre le pouvoir et de faire reculer tout le monde. Un vigile s’énerve contre des parents en extirpant de la foule les plus petits : « Il va finir par y avoir un mort. Tout ça pour une dédicace, vous êtes complètement débiles !». Pour le coup, je suis entièrement d’accord. D’ailleurs, on voit des enfants en pleurs remonter depuis l’avant du troupeau (ceci dit, ils pleurnichent peut être parce qu’ils n’ont pas vu Troy, le beau basketteur-chanteur).


18h30. On nous dit de partir car personne n’entrera. Séance annulée ? Une mère de famille dénonce à sa fille un véritable complot « A tous les coups, c’est un truc privé pour les gens de la presse. C’est un cercle fermé, tu sais… Ils s’en fichent des fans. ». Je suis persuadée que Claire Chazal rêvait de son autographe depuis au moins 3 semaines. Un ado au sourire narquois rétorque à un type de la sécurité que les acteurs seront bien obligés de sortir pour rejoindre l’avant-première.
J’ai envie de gifler les gens qui m’entourent en leur expliquant deux choses :
1) Il pleut. Les petits hollywoodiens ne vont quand même pas rester 15 minutes à faire des saluts à leurs fans, au risque d’abîmer leurs brushings.
2) Il y a un ameutement devant la porte d’entrée. Ils ne vont de toute évidence pas sortir par là, ce serait bien trop risqué, d’autant qu’aucun couloir de sécurité n’a été prévu. Et, OUI, il y a une autre porte de sortie. C’est un magasin, un grand qui plus est.


18h45. Les employés de Virgin ont trouvé un nouveau jeu. Ils se mettent aux fenêtres, agitent leurs mains, prennent des photos. J’ai même vu une fille agiter des pompons de cheerleader. Evidemment, la foule est hystérique, les prenant pour les héros du film.
Mes oreilles sont attirées par la voix de la mère conspirationniste de tout à l’heure. Elle explique à sa fille que les acteurs sont censés sortir par derrière à 19h30. Je décide de rester encore un petit quart d’heure car les vigiles poussent la foule sur les bords et je me demande s’ils ne sont pas en train de créer un corridor.

19h. Ca ne désemplit pas, les messieurs sécurité sont au bord du suicide.


19h03. J’en ai marre. Il ne se passe rien, il fait froid. Même les cris d’hystérie ne me remontent plus le moral. Je décide donc de tenter ma chance du côté de la « backdoor ». Je me demande si beaucoup ont eu l’information. Alors que j’avance, je croise d’autres jeunes qui la cherchent aussi, sauf qu’eux ont l’adresse. Je retiens le numéro « 109 ». Ils discutent de la séance de dédicace. Ils y étaient ! Etant donné que je n’ai vu personne entrer, je suppose qu’ils étaient arrivés bien avant moi. Alors que l’on marche dans la rue parallèle aux Champs, des cris retentissent. Ils se mettent à courir. J’essaye de suivre en marche rapide (quand même, j’ai un minimum de dignité… je ne vais pas courir pour High School Musical).

S’ensuit la magnifique vidéo ci-dessous, qui ne montre absolument rien - il est sans doute utile de préciser que je filmais avec mon appareil photo, donc avec une qualité d’image déplorable -, mais qui m’apparaît digne d’un film catastrophe à la « Le jour d’après ». Admirez à quel point mes ballerines passent bien à l’écran.


19h05. « Ahhhhhhhhhhh ». « Ohhhhhhhhhhhh ». « Ahhhhhhhhh ». J’assiste à la sortie des acteurs. Enfin, je crois. Je n’ai pas vu grand-chose.
Les gens sont fous. Certains se mettent à courir après la voiture dans laquelle l’équipe s’est engouffrée. Je cours après ces gens qui courent pour les filmer. Au final, je me demande si je ne suis pas la plus cinglée de l’histoire.


19h09. La rue se vide, la circulation des voitures reprend… C’est fini. Ouf.

Je remonte les Champs, j'allume mon ipod... Les Clash. Tout de suite, je me sens moins teenager hystérique.